Nous qui essayons d’agir sur notre société pour la changer, que ce soit partiellement ou totalement selon les cas, nous nous heurtons parfois à certaines difficultés qui demandent un approfondissement théorique, par exemple l’objection que ce ne sont pas les individus qui font l’histoire, ou que certains types d’organisation sont inévitables, ou que la pression idéologique est telle que la majorité des populations ne veut pas de changement. D’autre part, nous voyons des sociétés très différentes de la nôtre réclamer de pouvoir continuer à vivre selon leurs traditions, et nous nous demandons pourquoi certaines ont tellement changé au cours de l’histoire et d’autres non : est-ce en raison de choix humains ou bien de conditions matérielles et de rapports de force que personne ne contrôle ?
Il est tentant d’interpréter toutes les formes sociales à partir de la loi du plus fort : ce sont toujours les plus forts qui imposent l’organisation politique et économique la plus susceptible de favoriser leurs intérêts. Mais il faut aller plus loin et se demander d’où vient la représentation de ces intérêts eux-mêmes : pourquoi, dans certaines sociétés, les privilèges que l’on cherche à obtenir sont-ils l’argent et l’accumulation de biens matériels, dans d’autres le prestige ou les victoires guerrières, dans d’autres la domination sur les esprits par l’imposition d’une vérité absolue ? La comparaison avec d’autres sociétés, passées ou actuelles, permet aussi de douter que la division en classes soit la seule cause de l’assujettissement des individus. Enfin, quand il y a révolte, ce peut être pour renverser une domination en restant dans le même cadre de valeurs, ou pour s’organiser selon de nouvelles valeurs — et dans ce cas d’où viennent celles-ci ?
Ces questions convergent vers celle de l’opposition entre autonomie et aliénation, c’est-à-dire entre le fait de se donner volontairement sa propre loi et le fait de se laisser imposer sa loi par autrui sans même s’en rendre compte. Les deux attitudes existent à l’échelle de l’individu et à l’échelle de la société, et dans les deux cas il faut saisir précisément de quoi il s’agit pour pouvoir se libérer. Cornelius Castoriadis (1922-1997), qui était à la fois philosophe, économiste et psychanalyste, a affronté ces questions dans une visée émancipatrice et révolutionnaire, en renouvelant profondément ce que notre héritage philosophique pouvait en penser.
Nous irons puiser dans son œuvre principale, L’institution imaginaire de la société (1975), les concepts qu’il a proposés pour mieux comprendre la manière dont s’instituent les normes sociales et comment agir sur nos propres vies.
Remarque : il est utile de se procurer le livre (Ed. Seuil, Points Essais), mais pas indispensable de le lire en entier, car nous n’évoquerons que certaines parties.
Pour tout renseignement complémentaire, écrire à : annick.stevens [at] posteo.net
Séances:: de 19h à 21h.
Séance | Date | Notes de cours | Enregistrements audio |
---|---|---|---|
1 | mercredi 27 février 2013 | [html] [pdf] | [mp3] (61Mb) |
2 | jeudi 7 mars 2013 | [html] [pdf] | [mp3] (63Mb) |
3 | mercredi 20 mars 2013 | [html] [pdf] | [mp3] (51Mb) |
4 | mercredi 27 mars 2013 | [html] [pdf] | [mp3] (52Mb) |
5 | mercredi 3 avril 2013 | [html] [pdf] | [mp3] (52Mb) |
6 | mercredi 10 avril 2013 | [html] [pdf] | [mp3] (52Mb) |